L’isolation, la ventilation & l’étanchéité à l'air comme solution globale

La Sainte Trinité

Afin d'atteindre nos objectifs climatiques et d'accroître le confort de vie de ses citoyens, les différents gouvernements de notre pays misent énormément sur l'isolation de l'enveloppe du bâtiment. Et même s’il reste encore beaucoup de travail, de nombreuses familles, entreprises et autorités ont investi ces dernières décennies dans l'isolation des toitures, des façades et même des dalles de sol. Le ‘retour sur investissement’ promettait en effet d'être excellent. Sur le plan économique (en partie grâce à la subvention), l'investissement devait s’amortir en un rien de temps, disait-on. Il faudrait chauffer beaucoup moins. De plus, la sensation de confort dans la maison allait augmenter. Mieux encore, sur le plan écologique, nos émissions de CO2 allaient baisser et notre empreinte écologique allait être réduite. Bref, une situation où tout le monde allait être gagnant à tous les niveaux. Mais était/est-ce vraiment le cas?

Et bien, il s’agit évidemment d’une étape très importante dans l'optimisation d'un bâtiment. Mais il faut être clair: simplement isoler ne suffit pas. Deux autres paramètres jouent encore un rôle crucial. Et ceux qui n'y ont pas ou pas suffisamment prêté attention lors de leur projet de nouvelle construction ou rénovation finiront par s’en mordre les doigts.

Nick Haring: “Combiner isolation, ventilation et étanchéité à l'air, c’est la garantie de réaliser des économies importantes sur les factures d'énergie, d’un cadre de vie sain, d’un confort acoustique et surtout d’une construction dotée d’une longue durée de vie.”

Ces paramètres sont l'étanchéité à l'air et la ventilation. Seuls ceux qui combinent les trois concepts enregistreront réellement des gains au niveau économique mais aussi écologique et réaliseront une maison saine.

Combiner isolation, étanchéité à l'air et ventilation devrait également devenir obligatoire en rénovation. Et ne pas constituer une mesure facultative pour atteindre un niveau E intéressant. Il ne devrait pas être possible de compenser un manque d'isolation ou une mauvaise valeur d'étanchéité à l'air en installant un panneau solaire ou une pompe à chaleur supplémentaire. Un test d'infiltrométrie devrait être la norme

La théorie de la bouteille thermos

Pourquoi d'abord reboucher des trous dans un bâtiment pour en faire de nouveaux? Cela ressemble à de l'argent jeté, n’est-ce pas? Et bien, c'est précisément le contraire!

En plus de poser le matériau isolant de manière étanche à l'air, il importe également de limiter autant que possible les flux d'air incontrôlés – communément appelés courants d'air – dans votre bâtiment. C’est seulement en construisant étanche à l'air que l'isolation devient vraiment performante.

Frank Putteneers: “Uniquement isoler, c’est comme mettre un gros manteau. Pour avoir chaud, il faudra tout de même remonter la fermeture éclair. Il en va de même pour un bâtiment. Pour obtenir une isolation performante, il faut refermer les trous et interstices.”

Mais... En procédant à la finition étanche à l’air de l’enveloppe du bâtiment, vous empêcherez non seulement l'air d'entrer et de sortir via des courants d’air, mais retiendrez également à l’intérieur du bâtiment l'humidité présente dans l'air chaud. Et lorsque cet air ne sera pas retenu par un pare-vapeur étanche à l'air, il formera de la condensation sur la partie froide. Conséquence: formation de moisissures, pourriture du bois et isolation humide qui perdra (souvent) sa valeur d’isolation.

Nick De Landsheer: “Il suffit de penser à une bouteille thermos. La principale fonction consiste à réaliser une maison avec un confort thermique, mais à l'intérieur d'un thermos, l'humidité s'égouttera également vers le bas.”

Un pare-vapeur seul ne suffira pas non plus. Afin de garder le climat intérieur sain, il faudra évacuer l'air vicié et apporter de l'air extérieur sain. Cela pourra se faire au moyen de la ventilation. Vous évacuerez ainsi également l'humidité et éviterez la formation de moisissures, et vous empêcherez que des substances nocives s'accumulent dans le bâtiment. En d'autres termes, vous créerez un environnement sain pour le bâtiment lui-même et pour ses utilisateurs.

Nick De Landsheer: “Construire étanche à l'air permet d’éviter les courants d'air incontrôlés. Et grâce à la ventilation, on pourra utiliser positivement l'air frais chauffé dans toute la maison aussi longtemps que possible et l’évacuer à la demande dans les pièces humides, comme la cuisine, la salle de bains et les toilettes…”

Attention: ventiler n’est pas la même chose qu’aérer. Si ventiler permet (souvent) de conserver les gains thermiques, aérer crée en fait de grands courants d'air. Et ce, de manière incontrôlée. Surtout les jours plus froids, il sera préférable de ne pas ouvrir les fenêtres. Parce que cela annulera toutes les conséquences positives possibles pour le confort thermique et un cadre de vie sain. Dans une voiture, vous n'ouvrez pas non plus les fenêtres lorsque l’air conditionné fonctionne, n'est-ce pas?

Celui qui construit étanche à l’air devra donc ventiler. Mais l'inverse est également vrai. En cas de bâtiment insuffisamment étanche à l'air, la ventilation présentera toujours des dysfonctionnements. Le dispositif de ventilation ne pourra en effet pas atteindre le rendement souhaité. Il n'y aura aucun contrôle sur le flux d'air à travers le bâtiment.

Peter Benkö: “A la fois isoler, construire étanche à l’air et ventiler forme un package complet qui devrait être obligatoire pour chaque bâtiment.”

Dans les cahiers des charges aux Pays-Bas, chaque descriptif de système est suivi des lettres OG, l'acronyme de ‘of gelijkwaardig’, soit ‘ou équivalent’ en français. Mais trop souvent, les entrepreneurs interprètent ces lettres OG par ‘of goedkoper’, soit ‘ou moins cher’ en français. De telle sorte qu’ils finissent par opter pour des systèmes moins chers aux performances inférieures

Des connaissances toutes prêtes?

Pourquoi ne le sait-on généralement pas, n'est-ce généralement pas admis ou cela ne forme-t-il pas un principe de base lors de la construction ou rénovation d'un bâtiment? Et bien, au cours des dernières décennies, l'accent a surtout été mis sur l'isolation. Une simplification qui a souvent servi à rendre la sensibilisation facile et digeste. Aujourd'hui encore, de nombreux médias (professionnels) continuent de diffuser le récit de manière incomplète. De telle sorte que de nombreux maîtres d’ouvrage et même des professionnels de la construction pensent encore qu'uniquement isoler de façon poussée permet d’obtenir une enveloppe du bâtiment performante et saine. C’est donc faux.

Bram Desmet: "De bonnes connaissances et une bonne formation en isolation et étanchéité à l'air sont cruciales pour chaque exécutant"

Heureusement, on voit que l'étanchéité à l'air commence peu à peu à s’implanter. Que de plus en plus de professionnels de la construction y ont recours. Et que les maîtres d’ouvrage bien informés savent aussi que nous ne voulons pas faire grimper les coûts. Que du contraire, même. La récente crise énergétique y a certainement contribué.

Mais cette prise de conscience doit s'implanter beaucoup plus largement. Et nous pouvons tous y contribuer: fabricants, médias, prescripteurs, bureaux d’études et exécutants.

Faites d’une bonne étanchéité à l'air une priorité absolue, les gens qui construisent ou rénovent aujourd’hui y ont droit!

Que peuvent faire les autorités?

Les autorités peuvent elle aussi aider. La réglementation devrait être adaptée à deux endroits: combiner isolation, ventilation et construction étanche à l'air devrait être obligatoire au lieu de facultatif – tant en nouvelle construction qu’en rénovation.

Avec la réglementation PEB, passer de E100 à E30 dans les nouvelles constructions peut désormais s’effectuer de nombreuses manières. Il s’agit pratiquement d’une sorte de menu dans lequel les prescripteurs peuvent choisir à l’envi (les valeurs U n'ont d’ailleurs pas non plus évolué avec les normes et les exigences). Dans la pratique, cela signifie que de nombreuses équipes de conception négligent l'étanchéité à l'air. On installera un panneau solaire supplémentaire, dit-on. Vous obtiendrez certes le même nombre de points mais, dans la réalité, l’un ne pourra jamais compenser l’autre. Un bâtiment étanche à l’air sera tellement plus crucial! Il devrait donc avoir beaucoup plus de poids. Non seulement en nouvelle construction, mais aussi en rénovation.

La réglementation devrait être adaptée, cela devrait obligatoirement figurer dans le cahier des charges. Buildwise (l’ancien CSTC) pourrait y contribuer en établissant une norme d'étanchéité à l'air.

Frank Putteneers: “Par exemple: n50 ≤ 1,5 renouvellement d'air par heure en nouvelle construction et n50 ≤ 2 en rénovation. En tant que secteur, nous voulons assurément y réfléchir et nous mettre à table avec des experts.”

La confiance c'est bien, le contrôle c'est mieux?

En outre, la construction étanche à l'air devrait également faire l’objet d’un contrôle par un organisme indépendant. L'étanchéité à l'air d'un bâtiment peut être cartographiée par un test d'infiltrométrie. Pour le moment, celui-ci est facultatif. Selon nous, un test d’infiltrométrie obligatoire permettrait non seulement d'avoir des bâtiments plus performants, mais aussi de mieux attirer l’attention sur l'étanchéité à l'air. Tant lors la conception que de l'installation.

Bram Desmet: “Dans notre pays, on met encore trop l'accent sur le produit proprement dit. Il y a trop peu de contrôle sur son installation correcte. Même si c’est précisément très important. Les produits préfabriqués pourraient ici faire partie de la solution."

Attention: il serait préférable que ce contrôle soit effectué par un organisme indépendant. Pas par l'entrepreneur concerné ou par une société sœur d'un promoteur. Ces pratiques ont déjà partiellement cessé. Parce qu'un test doit toujours être signalé à l'avance à la BCCA, qui pourra alors assister au test d'infiltrométrie. Une première bonne adaptation, mais cela pourrait être encore plus strict, de telle sorte que tant la qualité que la fiabilité de celui-ci augmenteront encore plus.

Et il ne faut surtout pas s'arrêter là. Un contrôle périodique de l'enveloppe du bâtiment pourrait constituer une autre piste de réflexion intéressante. Tous les 25 ans, par exemple, comme pour l'électricité.

L’exécution d'une étanchéité à l'air efficace ne sera, dans la plupart des cas, pas complexe ni/ou coûteuse, et garantira un très bon rendement et un amortissement rapide de l’investissement

Débrancher la ventilation pour le confort acoustique?

La ventilation est obligatoire dans les nouvelles constructions, ce qui est évidemment une bonne chose. Dans la réalité, nous constatons cependant que de nombreux utilisateurs débranchent le système après la réception en raison des nuisances sonores (pourtant réduites). Ce n’est pas malin. Mais apparemment l'air vicié qu’on ne voit pas pèse moins lourd qu’un léger bruit de fond.

C'est précisément pour cette raison que les fabricants ont développé une application qui montre à l’utilisateur la qualité de l'air dans ses pièces. Grâce à des codes couleur, celui-ci peut voir à quel point le climat intérieur est sain à tout moment de la journée et pour chaque pièce. Le système (branché) peut alors intervenir, ou l'utilisateur peut voir s’il faudra éventuellement ajuster les paramètres. Le nombre de décibels empêchera-t-il les utilisateurs de dormir? On trouve sur le marché des systèmes qui flirtent avec le top au niveau acoustique.

Il est important de réaliser que la ventilation est cruciale pour la santé des utilisateurs mais aussi du bâtiment proprement dit. Tant dans les maisons neuves que dans les maisons existantes. Évitez donc de la débrancher.

L'importance d'une structure correcte

Une mauvaise exécution de l'étanchéité à l'air pourra anéantir en grande partie l'investissement dans l'isolation de la toiture. Ici se situe précisément l'un des plus gros défis: réaliser une étanchéité à l’air efficace ne sera pas toujours simple. Et ce en raison tant des restrictions liées à la structure, du mode de construction et de la réalité sur le chantier de construction que de la succession des travaux par les différents corps de métier. Lorsqu'un entrepreneur se charge de l'étanchéité à l'air, il arrivera que le suivant perce celle-ci ou la retire partiellement pour réaliser ses travaux.

Hendrik Snauwaert: “Un bâtiment ne sera étanche à l'air que si tous les raccords ont été exécutés correctement et si aucune nouvelle ouverture n'a été réalisée dans le système a posteriori (pour installer les techniques, par exemple).”

Attention: nous ne voulons pas jeter la pierre aux entrepreneurs. Dans la pratique, il sera aussi parfois difficile de faire autrement. C'est pourquoi il sera préférable de tenir compte de l’exécution pratique d’un bâtiment dès sa conception.

À côté de cela, continuer d’informer, sensibiliser et convaincre les entrepreneurs de l’utilité de cette façon de procéder ne pourra assurément pas faire de mal. Mais aussi les former à l'installation correcte des produits et systèmes. Tout change en effet extrêmement vite de nos jours. Les innovations et les nouvelles idées se succèdent à un rythme effréné. Il n’est plus possible d’utiliser les mêmes techniques de construction et les mêmes matériaux pendant des décennies comme cela se faisait avant. La rengaine ‘j'ai toujours fait comme ça’ est vraiment dépassée. Au sens littéral. L'apprentissage continu devrait également se poursuivre dans la construction.

Nick De Landsheer: “Il y a quinze ans (lors des premiers pas du PEB), j'avais demandé à mon père, un architecte expérimenté, de concevoir, réaliser et assurer le suivi de ma maison familiale. Je lui avais alors demandé de prévoir une isolation, une ventilation et une étanchéité à l'air poussées, ce qui a rapidement entraîné un conflit. D'une part avec l'entrepreneur (la bonne exécution a pris plus de temps que prévu) et d'autre part avec moi-même en tant que maître de l’ouvrage. Il m'a pris pour un fou. Sais-tu à quel point il est difficile de réaliser cela sans erreurs? Personne ne fait ça (nous étions en 2008)! La ventilation est-elle vraiment nécessaire? Je lui ai donné un détecteur de CO2 pour sa chambre. Quelques jours plus tard, il est revenu pour me demander des informations et des conseils. Depuis, mon père (architecte pensionné) fait partie de nos ambassadeurs les plus convaincus. La ventilation à la demande basée sur le taux d'humidité et de CO2 est devenue la norme. Maintenant, c'est au tour de la rénovation.”

Le corps humain dispose de plusieurs capteurs, mais il ne peut pas détecter une mauvaise qualité de l'air. Nous ne pouvons que sentir la différence. Une ventilation réagissant sur la base de capteurs électroniques s’avèrera donc très utile – mesurer, c'est savoir!

Réflexion durant la phase de conception

Les prescripteurs doivent eux aussi prendre pleinement conscience de la nécessité de cette solution globale pour chaque bâtiment qu'ils conçoivent. Ils doivent non seulement prévoir celle-ci et l’intégrer dans leur cahier des charges, mais il est presque aussi important qu'ils en tiennent dûment compte dès la phase de conception. Et qu’ils déterminent un mode d'exécution correct afin de réduire au minimum la possibilité de commettre des erreurs lors de l’exécution. Nous sommes conscients que cela rajoute à nouveau à la complexité lors de la conception et nécessite un suivi et une coordination plus intenses pendant les travaux. Mais c'est absolument nécessaire.

Afin de rendre tout cela un peu plus contraignant, nous aimerions demander à Buildwise (l'ancien CSTC) de traduire les idées ci-dessus en recommandations, et à terme, en obligations.

"Il faudrait également adapter la formation. Jusqu'il y a peu, on n'entendait parler de la construction étanche à l'air et de la ventilation qu'après être sorti de l’école. Nous devons faire mieux. Les architectes doivent être conscients de leur nécessité et doivent transmettre leurs connaissances au maître de l’ouvrage ainsi qu’aux autres membres de l'équipe de construction.

Tirer la charrette ensemble

"Les fabricants de solutions d'isolation, de ventilation et d'étanchéité à l'air peuvent ici assurément apporter leur pierre à l’édifice. Pas seulement en vendant leurs produits depuis leur tour d’ivoire. Mais en racontant l’intégralité du récit, afin que les bâtiments deviennent effectivement plus performants, plus écoénergétiques et plus sains.

Via leurs moyens de communication, des workshops, des formations, des démonstrations pratiques, des roadshows, etc., ils pourraient informer les prescripteurs de l'importance des trois paramètres, instruire les entrepreneurs sur la façon d'installer et raccorder correctement des matériaux de qualité, mais aussi inciter les législateurs à adapter le cadre juridique. Ils pourraient aussi, via leurs nombreux canaux de communication, informer correctement les maîtres d’ouvrage eux-mêmes sur le concept global et ce qu’il faut faire et ne pas faire.

Quel est actuellement le plus grand besoin?

Il y a un besoin de conscientiser. Les maîtres d’ouvrage. Mais aussi les architectes, les entrepreneurs, les ingénieurs. Les législateurs. Tout le monde doit se rendre compte que l'un est impossible sans l'autre. Celui qui n'investit pas dans les trois éléments ou ne les exécute pas correctement se retrouvera avec un produit caduc et, à (court) terme, ira au-devant de problèmes. Au niveau tant de la santé des utilisateurs que de celle du bâtiment proprement dit.

Ce n'est qu'en continuant à transmettre le bon message, le récit intégral, que de plus en plus de gens comprendront l’utilité et transmettront leurs connaissances. Afin que cela finisse par devenir des connaissances toutes prêtes ancrées dans une réglementation mûrement réfléchie. Des médias comme Renoscripto ont ici un rôle important à jouer. Évitez la friture sur la ligne. Et continuez à transmettre le message intégral.

Recourir au préfabriqué là où c’est possible?

Comment pouvons-nous être sûrs que les bandes adhésives ou autres moyens pour assurer l'étanchéité à l'air ont été appliqués correctement?

Les produits et systèmes de nombreux fabricants deviennent de plus en plus qualitatifs (même si l’on trouve encore et toujours sur le marché des produits moins chers et de qualité inférieure qui ne fonctionnent plus après quelques années). Mais le bât blesse surtout au niveau de l'installation correcte et du raccordement parfait des différents matériaux et systèmes sur chantier.

Surtout dans les nouvelles constructions, mais aussi lors de la rénovation de maisons existantes, des solutions préfabriquées peuvent s’avérer du pain béni. Les éléments de construction produits en atelier dans des conditions contrôlées faciliteront automatiquement la conception et l'installation. Et réduiront au minimum les erreurs d'exécution. Utilisez donc ces solutions autant que possible.