Île artificielle anti-tempête à Copenhague
9 à 12 centimètres d'élévation supplémentaire du niveau de la mer d'ici 2050
Vu les antécédents de Copenhague en matière de tempêtes dangereuses et de fortes inondations, le projet d'île artificielle baptisé Lynetteholm pourrait s'avérer essentiel pour protéger la ville portuaire. En effet, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat des Nations Unies (le GIEC) prévoit une élévation supplémentaire du niveau de la mer de 9 à 12 centimètres d'ici à 2050, en plus des 8 à 9 centimètres déjà enregistrés depuis la révolution industrielle. Selon les recherches, Copenhague sera l'une des régions les plus durement touchées. Certaines parties de la ville ne se trouvent déjà plus qu'à quelques mètres au-dessus de la surface de la mer.
Les ébauches de Lynetteholm représentent une île en forme de chauve-souris avec une petite digue à l'ouest qui protègera le port de la ville. Un littoral artificiel donnera sur l'Øresund, le détroit menant à la mer Baltique. Au lieu de la typique digue en béton, les architectes paysagistes espèrent que ce projet sera un exemple de 'conception évolutive' qui pourra être adapté à l'avenir. De la même manière qu'une plage naturelle peut emmagasiner temporairement et réfléchir l'énergie puissante des vagues, le littoral artificiel de Lynetteholm absorbera et dissipera les vagues intrusives. Les architectes affirment que le littoral large et délibérément crénelé pourra être renforcé et même relevé beaucoup plus facilement, si le niveau de la mer dépasse les prévisions, que remonter un mur.
"Au lieu de travailler verticalement sur la hauteur, nous allons travailler sur la largeur", a déclaré Ole Schrøder, partenaire chez Tredje Natur, l'un des cabinets d'architectes impliqués dans le projet. "Un mur vertical deviendrait vulnérable en cas d'élévation du niveau de la mer avec des vagues. Ce système, par contre, doit nous permettre de mieux gérer les vagues avec un paysage de plage qui les absorbera d'une manière plus naturelle."
35.000 nouveaux logements
Les architectes paysagistes, eux, espèrent que le littoral du projet - qu'ils ont conçu comme un 'paysage évolutif' à développer au fil du temps - favorisera la biodiversité au cours des 10 à 30 prochaines années grâce à son mélange de terrains plats, de forêts et de plages. Leur idée était de respecter la nature d'origine qui se trouvait là de par le passé.
35.000 nouveaux logements seront construits sur les plaines de Lynetteholm, et si le GIEC déconseille tout nouveau développement sur les sites côtiers exposés, il recommande de construire des projets privilégiant la protection des écosystèmes. "Nous créerons des biotopes naturels ou artificiels pour les poissons, les crustacés et les algues marines", a déclaré M. Schrøder. "Plus qu'un concept, il s'agit de créer un processus qui évoluera avec le temps."
Mais ce projet environnemental à 439 millions de dollars a suscité de nombreuses critiques, surtout et de façon un peu ironique, de la part de ceux qui se préoccupent du climat. Les critiques à l'égard du projet sont multiples. Les opposants à Lynetteholm craignent que l'île ne devienne un exemple de maladaptation (un terme utilisé pour désigner une architecture construite pour lutter contre le changement climatique mais qui cause elle-même d'importants dommages environnementaux).
L'emplacement de l'île a été critiqué pour les menaces potentielles sur l'équilibre salin délicat des eaux environnantes, ce qui pourrait entraîner la mort des organismes locaux et la disparition des biotopes. By & Havn a également été contraint de modifier les plans de construction après que des manifestants ont fait valoir que le déversement des terres excavées dans les ports de la ville pourrait polluer l'eau et nuire à la faune.
Pour les détracteurs, le budget inconstant pose également problème. La première phase de la construction devrait coûter 300 millions de couronnes danoises (environ 43 millions de dollars), mais By & Havn admet que le budget sera probablement plus de 10 fois supérieur à ce montant.
Une aube nouvelle pour la conception climatique
Lynetteholm n'est pas le seul projet de ce type au large de Copenhague. Un archipel artificiel entier sera construit dans le port au cours des prochaines années. Ce projet a également été développé pour lutter contre l'élévation du niveau de la mer et les inondations urbaines. Il a été conçu par MAST, un cabinet d'architectes qui développe actuellement un prototype de plateformes ou pavillons flottants qui, espèrent-ils, pourraient un jour être utilisés pour construire des maisons sur l'eau.
Une preuve supplémentaire de la nouvelle vague d'architecture orientée climat qui commence à émerger. De plus en plus d'entreprises optent pour des matériaux recyclés afin d'atténuer les effets de la catastrophe environnementale, ou testent des techniques de construction évolutives - comme MAST - pour mieux s'adapter aux différentes circonstances. Les architectes paysagistes, comme ceux à la base de Lynetteholm, répondent de plus en plus aux réalités changeantes du changement climatique avec un design adaptatif.
Digue Staten Island: concevoir pour le changement climatique
S'il semble désormais impossible de faire marche arrière (l'achèvement de la première phase de construction de Lynetteholm est déjà prévue pour début 2023), l'un des plus grands défis du projet sera de convaincre le public.
En novembre, les promoteurs By & Havn ont annoncé qu'ils allaient organiser des réunions avec 66 citoyens de Copenhague et des environs pour tenter de répondre aux critiques croissantes. Mieux vaut tard que jamais?
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