Vlaanderen Circulair: "Il faut recycler davantage et mieux"
"Ce chiffre doit augmenter, pour notre environnement, mais aussi pour notre indépendance par rapport à l’étranger, et pour l'emploi dans notre économie."
Cette déclaration n’a pas manqué de faire froncer de nombreux sourcils. Nous nous sommes donc entretenus avec Marc Dillen, directeur général de la Confédération Construction flamande, ainsi qu’avec l'experte en environnement Griet Goossens, tous deux porte-parole de Vlaanderen Circulair.
Quel objectif vouliez-vous atteindre avec votre ‘Circular State of the Union 2022’?
Marc Dillen: "Vlaanderen Circulair veut constituer la plaque tournante et la source d’inspiration pour l'économie circulaire en Flandre. Un partenariat entre les autorités, les entreprises, la société civile et le monde académique qui agiront ensemble pour fermer les cycles de manière durable."
"En raison du corona, les conditions sur le marché n'étaient pas favorables et notre propre fonctionnement, et par extension celui de l'ensemble de l'économie circulaire, n'a pas eu le vent en poupe. Nous constatons aujourd’hui pratiquement le contraire. Le marché nous aide à engager la transition. L’actualité nous donne pour ainsi dire plus de poids. Ce que nous avons voulu mettre sous les projecteurs à travers notre ‘Circular State of the Union 2022’."
Griet Goossens: "Lors de cet événement le 25 avril 2022, les ministres flamands Hilde Crevits et Zuhal Demir, les associations professionnelles, la société civile et le monde académique ont affirmé ensemble leur double objectif: faire de la Flandre une région sans déchets et prendre des initiatives supplémentaires au niveau de l'économie circulaire. Mieux même, 100 partenaires flamands ont ratifié une déclaration par laquelle chacun d'entre eux s'engage officiellement, par domaine, à faire de la transition circulaire de l'économie flamande une réalité.
"Plus précisément, cela concernait six domaines concrets: la construction circulaire, l'innovation via la bioéconomie, la chimie et les matières plastiques circulaires, l’augmentation du recyclage et de la réutilisation dans l'industrie manufacturière ainsi que la réduction des déchets dans notre chaîne alimentaire et les cycles de l'eau."
Comment l'actualité favorise-t-elle l’aspiration à la circularité?
Marc Dillen: "La circularité suscite un intérêt écologique et économique depuis déjà plusieurs années. Surtout durant la crise du corona. En mai et juin 2020 déjà, Vlaanderen Circulair et le VITO avaient mené une enquête auprès de diverses organisations. Ils avaient sondé comment celles-ci vivaient la crise du corona, comment elles envisageaient l'avenir et quel rôle jouerait ici l'économie circulaire. 540 participants avaient partagé leur vision. Voici l'une des conclusions les plus marquantes: les entreprises circulaires connaissent moins de pénuries que les autres entreprises et l'on croit beaucoup aux avantages de l'économie circulaire pour la Flandre."
"Mais en ce moment, l'économie linéaire est soumise à une pression encore beaucoup plus forte. La lutte pour les matières premières bat son plein. Comme les efforts européens pour réduire la dépendance au gaz, par exemple. Ou les fortes hausses de prix des matériaux de construction. Une économie circulaire sera beaucoup moins soumise aux risques accompagnant un marché sous pression. Les entreprises de construction qui ont effectué ou sont en train d’effectuer leur transition en récoltent actuellement les fruits. Et celles qui ne l'ont pas encore fait sont désormais confrontées aux faits."
La circularité ne doit-elle pas aller plus loin que recycler davantage et mieux?
Marc Dillen: "En Flandre, nous recyclons actuellement une très grande partie de nos matériaux de construction. Un pourcentage élevé de nos anciens déchets de construction est transformé en matières premières neuves pouvant être réutilisées sans perte de valeur. Depuis déjà un petit temps, les producteurs de matériaux de construction optimisent leurs processus de production en vue de récupérer les matières premières, l'eau et l'énergie. Un domaine dans lequel nous sommes bien plus avancés que la plupart des autres pays. Une évolution qu’accélère donc encore aujourd’hui la raréfaction des matières premières."
"Il s’avère même difficile de recycler encore plus. Il n'y a tout simplement plus assez de ‘déchets’. Nous pouvons dès lors passer à une nouvelle phase: la construction de bâtiments circulaires plus durables. Il y a ici des opportunités, principalement pour les nouveaux bâtiments. Ce sera beaucoup moins évident pour notre patrimoine. Pour y parvenir, nous voulons tout d'abord informer et sensibiliser les architectes et les ingénieurs et leur fournir des outils. Car la conception circulaire va beaucoup plus loin que la conception traditionnelle.
Griet Goossens: "Nous voulons également faire comprendre aux maîtres d’ouvrage et aux propriétaires de bâtiments que la construction circulaire offre des avantages. Peut-être pas en termes de coût d'investissement initial, mais bel et bien lorsque l'on tient compte du coût pour l’ensemble du cycle de vie. A long terme, un bâtiment circulaire conservera sa valeur. Même après son cycle de vie complet, les matériaux présents continueront d’avoir de la valeur."
Quelle est votre ambition?
Marc Dillen: "Nous avons délibérément choisi de passer à l'économie circulaire étape par étape. Le recyclage sera-t-il suffisant? Non, évidemment. Mais c'est faisable. Nous pouvons réduire considérablement notre flux de déchets et réutiliser de façon utile les produits, matériaux et matières premières qu’il renferme.
"Nous devons quoi qu’il en soit évoluer vers un monde plus durable. Mais faisons-le de manière progressive et non-disruptive. Il faut évaluer les possibilités et les saisir. La barre doit être placée toujours un peu plus haut, mais cela doit rester faisable. C'est précisément grâce à cette approche progressive que nous sommes aujourd'hui plus avancés que d'autres pays. La circularité est un moyen, pas une fin en soi."
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