"Nous rattrapons le temps perdu en matière de développement urbain"
Comment voyez-vous Alost comme ville du futur et quelle vision en matière de développement urbain voulez-vous prôner?
Caroline Verdoodt, échevine en charge de l’Aménagement du territoire: "Alost est le second plus gros ville-centre de Flandre orientale. Un rôle que nous voulons assumer, mais la ville doit rester une ville à taille humaine: ambitieuse, parée pour l'avenir et qualitative sont ici les mots clés. Alost était autrefois une ville industrielle et nous voulons préserver et même mettre en avant ce patrimoine et ce caractère industriels. Mais notre ville doit surtout être une ville sociale, vivante et vivable, en accordant de l’attention à sa singularité et à son ADN. Par exemple, nous allons réaménager le site des Pupilles en centre-ville."
"Afin de disposer d'une vision bien fondée, nous élaborons actuellement un plan de qualité visuelle pour notre centre-ville. La ville est clairement en mouvement. Il fut un temps où aucune décision n'était prise dans le domaine du développement urbain, mais ces dix dernières années, nous tâchons de rattraper ce retard. J’aimerais ici évoquer des réalisations comme Utopia, le nouveau centre administratif, Aquatopia et notre vision pour De Kaaien. Nous aspirons aussi à créer suffisamment d'espace en périphérie et à densifier l’habitat en zone urbanisée. Nous voulons faire en sorte que toutes les tranches d'âge puissent vivre ensemble. Alost doit être un lieu où il est agréable d'être enfant, où les gens peuvent profiter de l'horeca ainsi que de la vie associative et où les personnes âgées peuvent profiter de leur journée. Enfin, nous voulons aussi donner aux entrepreneurs suffisamment d'espace pour développer leurs activités."
Joke Caekebeke, architecte municipale: "Au sein du service des Bâtiments & Techniques, nous avons développé une vision claire de la manière dont nous voulons nous attaquer aux bâtiments de la ville. A l’instar de nombreuses villes, nous sommes confrontés d’une part à un patrimoine de plus en plus vieillissant. À l'avenir, nous voulons miser davantage sur l'amélioration, le renouvellement et l'optimisation de notre patrimoine précieux par le biais de la surveillance énergétique mais aussi en mesurant l'état de ce patrimoine, afin de dresser un état des lieux. Nous voulons aussi stimuler les responsables politiques à agir et à continuer d'investir dans les bâtiments existants. Là où c’est possible, nous conseillons de réduire le patrimoine et de rendre plus efficients les bâtiments que nous conserverons en les restaurant, en les rénovant et en les réaffectant. Pour ce faire, nous devons miser sur la durabilité. Cela vaut également pour l'autre partie de nos activités, à savoir les projets de nouvelles constructions."
"Ici, notre vision consiste à créer des combinaisons intelligentes là où c’est possible et à rechercher une utilisation multiple de l'espace. Le partage des fonctions et des bâtiments créera en effet une pollinisation croisée naturelle et une ville vivante. L'espace se raréfiant, vous êtes donc obligé d'utiliser tous les mètres carrés le plus efficacement possible. Utopia montre qu’on peut le faire. Et avec la Gendarmerie – où une nouvelle crèche, un restaurant social de quartier et l'épicerie sociale partageront un bâtiment sur le site de l'ancienne caserne de gendarmerie –, un prochain beau projet est en préparation."
Y a-t-il eu de mauvaises décisions prises dans le passé à cet égard ou des choses qu’on aurait pu gérer différemment?
Joke Caekebeke: "Les bâtiments ne doivent pas uniquement être esthétiques, ils doivent être durables, efficients en énergie et fonctionnels, mais aussi tournés vers l'avenir. Les bâtiments doivent être utiles pour tous. Donc pas de bâtiments avec une façade fermée, mais bien de l'ouverture, de l'implication et un caractère invitant. Telle est pour moi la ville du futur. En étant attentivement à l'écoute des besoins de nos différents services municipaux et en associant ces besoins aux souhaits des associations, des asbl et éventuellement du secteur horeca, nous pourrons réunir davantage de fonctions et enrichir la ville."
Comment les rôles sont-ils répartis entre la ville d'Alost et l'AGSA, l’agence de développement urbain?
Anne Van den Berghe, AGSA: "Nous sommes une entreprise autonome, créée en 2010 en tant que filiale immobilière de la ville. Nous possédons notre propre comité directeur et notre propre conseil d'administration. L’AGSA réalise des projets de développement et de construction particulièrement importants. La répartition des rôles est ici clairement définie dans chaque accord de projet entre la ville et l'AGSA. L'exploitation est généralement confiée à la ville elle-même. Dans ce cas, nous lui remettons le projet terminé. La politique sous-tendant à chaque projet est déterminée par le collègue des bourgmestre et échevins et par le conseil municipal. La collaboration avec la ville est bonne, comme en témoignent les projets déjà réalisés, tels que le centre administratif et Utopia. De même que les projets en cours comme Siesegem, Tragel, Immerzeel et les Pupilles."
Glen Van Kerckhoven, responsable du service Bâtiments & Techniques et Directeur Facility par intérim: "Utopia constitue un bel exemple du déroulement idéal de la collaboration entre la ville et l'Agence de développement urbain. Le service des Bâtiments & Techniques a été impliqué dès le début et il y a eu des concertations périodiques avec l'AGSA. Cela nous a permis d'inclure dans le dossier d’appel d’offres des éléments comme la durabilité et les critères d'attribution, et ainsi d’obtenir pour le bâtiment le certificat BREEAM niveau ‘Excellent’. On se retrouve souvent face à des accords de projet sans cadre ou programme d'exigences clair, mais ce n'était nullement le cas ici. L’agence de développement urbain se charge de la construction et de la réalisation, tandis que l'exploitation est assurée par la ville. Pour une collaboration réussie, la ville, en l'occurrence le service des Bâtiments & Techniques, est impliquée à un stade précoce. De cette manière, nous connaissons parfaitement l'ADN du bâtiment et savons comment celui-ci devra être exploité de manière durable après la remise des clés."
Il y a souvent une différence entre la vision à long terme de la ville et la politique à court terme. Qu’est-ce qu’il en est à Alost?
Glen Van Kerckhoven: "Nous voulons des bâtiments qui soient à l'épreuve du futur et donc durables et écoénergétiques, tout en accordant de l’attention à la gestion de l'eau. Des bâtiments neufs avec lesquels nous pourrons atteindre les objectifs climatiques de 2050. On ne peut pas nier que cela requiert encore et toujours un équilibre entre le budget, le calendrier et d'autres priorités dans le programme des exigences. Techniques durables, isolation poussée, construction étanche à l'air, etc., entraînent effectivement un coût supplémentaire au départ, mais il faut également tenir compte des économies d'énergie réalisées à long terme. À côté de cela, il faut aussi examiner les coûts d'exploitation pendant toute la durée de vie d'un bâtiment, à savoir 30 ans. Cela nécessite une vision politique à long terme."
Anne Van den Berghe: "Force est de constater que, depuis notre création, de nombreux beaux projets ont été réalisés avec succès. La collaboration constitue ici le mot clé. Tous nos projets sont le fruit d’une vision à long terme et l'AGSA les réalise dans les délais convenus. Alost vit et grandit, tel est le sentiment de nombreux habitants. Un sentiment auquel contribue fortement l'évolution des infrastructures et des bâtiments. Alost est devenue plus vivable et Utopia se distingue à cet égard. La différence avec l'ancienne bibliothèque et l'école de musique est énorme."
Caroline Verdoodt, échevine: "A mon avis, nous parvenons ici à maintenir un équilibre. Il existe une bonne interaction entre l'administration et la politique afin d'harmoniser les souhaits et les développements. En tant que ville, nous devons encore et toujours fournir un espace afin que les projets puissent se développer, mais nous essayons évidemment d'orienter cela suivant les souhaits de la politique actuelle."
Quels sont les projets que vous aimeriez encore réaliser?
Joke Caekebeke: "Des projets flexibles et convertibles pour l'avenir, des bâtiments pouvant s'adapter à de nouveaux besoins et programmes. Avec une utilisation multiple maximale de l'espace ainsi que le partage et la combinaison des fonctions. Je pense ici, par exemple, aux crèches que nous allons rénover à l'avenir. Peut-être pourrons-nous y intégrer d'autres fonctions liées à la jeunesse ou à la famille, comme la Maison de l'enfant, par exemple. Nous continuerons en outre à jouer la carte de la durabilité et de l'efficience énergétique. Évidemment, nous savons qu’il ne sera pas possible d’obtenir le certificat BREEAM pour tous les projets, pour des raisons budgétaires, et qu’il faudra faire des choix. Cependant, en tant que ville, nous voulons toujours montrer l'exemple et inspirer nos habitants par notre approche et notre architecture. La revalorisation du domaine public va également de pair avec cela, notamment avec des espaces verts publics qui doivent s’adapter au climat. Dans ce domaine, Alost a joué un rôle de pionnier avec son service des espaces verts sous la direction de Bart Backaert. Pour le projet de la Gendarmerie, l’aménagement de la place publique y est aussi entièrement consacré."
Caroline Verdoodt, échevine: "Cette année sera également réalisée la nouvelle piscine Aquatopia. La priorité reste le site Tragel, le site des Pupilles et le développement qualitatif mûrement réfléchi de De Kaaien. Outre des projets concrets, nous continuons également à travailler sur les visions et les décrets. Par exemple, nous continuons à travailler sur notre vision de l'interdiction des logements multifamiliaux en périphérie et sur la concentration des développements dans notre zone intérieure dense."
Anne Van den Berghe: "Nous préférons réaliser le plus de projets possibles qui contribueront à rendre Alost plus vivable. Personnellement, je trouve que la Caserne de sécurité constitue un beau défi. La poursuite du développement et de la réalisation du site des Pupilles et du site Tragel, qui comprendront à la fois des logements, des magasins, des lieux de travail et un complexe événementiel, forment des projets prometteurs qui revaloriseront encore davantage le centre-ville d'Alost."
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