‘Time for bold ideas!’

Les agences Veelaert Architecten et 8 Office Architects ont fusionné à la fin de 2019 pour devenir bold architecten, un nom choisi avec soin, car Bold ('audacieux', en anglais) se met à la recherche, dans chaque projet, et à chaque niveau, de la 'bold idea'. Sans non-sens ni dogme, l'esprit ouvert, pensant large au propre comme au figuré. Alors que les deux équipes sont désormais totalement intégrées en une nouvelle entité, il était temps de leur rendre visite. Lors d'une conversation animée, les associés Hans Janssen et Rein Geens se sont penchés sur les années écoulées, et vers l'avenir.

Fusion de deux équipes

Hans Janssen : “Lorsque j'ai lancé 8 office architects, en 2005, nous nous sommes d'abord orientés sur la conception et la réalisation de projets pour le retail, d'immeubles de bureaux et de halls sportifs. Tout en travaillant régulièrement sur des projets publics tels que le Red Star Line Museum, la nouvelle zone d'accès et la volière des rapaces du Zoo d'Anvers, et l'habitat des éléphants à Planckendael. Chaque projet de ce type constituait un défi spécial auquel nous nous attaquions avec plaisir. Histoire de montrer ce que nous avions dans le ventre.”

“Et c'est ainsi que, comme par hasard, nous sommes entrés en contact avec Veelaert architecten. Dans un bref laps de temps, nous avons réalisé ensemble deux grands projets à Anvers. La première rencontre a eu lieu autour d'un projet au Dam, la reconversion d'une ancienne école de filles située sur le Meir et transformée en complexe résidentiel. Au lieu de tenter chacun de notre côté de remporter le concours de projets, nous avons décidé de joindre nos forces. Ce que nous avons fait également pour le redéveloppement de l'ancien bureau de poste de la Groenplaats. Avec succès. Notre association temporaire a été choisie pour les deux projets.”

“Dès le départ, l'entente était bonne, et durant l'ensemble du trajet, nos équipes ont travaillé ensemble de manière très constructive. Alors, lorsque Jan Veelaert m'a demandé, peu après, de réfléchir à l'avenir de son bureau, nous sommes très vite arrivés à un accord. C'est ainsi qu'est né bold architecten, résultat de la fusion de nos deux sociétés, avec moi-même et Rein Geens, de 8 office, comme associés. Jan a travaillé encore quelque temps avec nous en tant que concepteur, mais il nous a quittés depuis, en excellents termes, et savoure désormais sa pension.”

A la recherche de la 'bold idea'

Rein Geens : “La complémentarité des projets des deux agences était un avantage majeur de cette fusion. Veelaert se consacrait principalement à des projets résidentiels et retail à l'extérieur de la ville, alors que 8 office travaillait surtout intra-muros. Veelaert faisait également du master planning, c'était moins le cas chez 8 office. La fusion nous a permis d'élargir considérablement notre domaine d'action, ce qui représente aussi une belle valeur ajoutée pour nos collaborateurs.”

“Durant nos entretiens en vue de la fusion, nous avons affiché aux murs les projets dont nous étions fiers, et nous nous sommes demandé pourquoi. Il nous est apparu que ce n'était pas une question de style, de forme ou de couleur, mais plutôt l'idée que nous étions capables d'intégrer, de réaliser. Cela tient à la volonté de toujours pénétrer jusqu'au cœur même de la question fondamentale de l'analyse, et d'y trouver un angle d'approche qui sorte des sentiers battus. Qui soit osé, audacieux. Bold. Qui apporte au projet une valeur ajoutée.”

Hans Janssen : “Attention, une 'bold idea', c'est bien plus qu'imaginer un projet remarquable ! Dans notre architecture, nous sommes toujours à la recherche de solutions à la fois puissantes et élégantes, réfléchies, durables. L'architecture donne le meilleur d'elle-même lorsqu'elle est ambitieuse à tous les niveaux. Lorsqu'elle propose une réponse à la question de savoir quelle vie nous voulons ensemble en tant que société, quand elle pense aussi à la manière dont un bâtiment pourra fonctionner dans 50 ans, lorsqu'elle offre également un espace à des concepts plus abstraits, comme l'intimité et l'émotion. Enfin, sur un plan plus pratique, lorsqu'elle accorde aussi une attention rigoureuse aux défis financiers et techniques d'un projet.”

Nous avons dépoussiéré notre structure de serveurs, et nous avons décidé de passer avec toute l'équipe au BIM

Start to BIM

Rein Geens : “Le changement de nom a été l'une des premières étapes d'un trajet graduel. Car, bien au-delà de ce nouveau nom, nous avions l'occasion idéale de nous remettre en question en tant que bureau d'architecture, de nous réinventer. Nous avons par exemple dépoussiéré notre structure de serveurs, et décidé de passer au BIM avec toute l'équipe.”

“Nous sommes ainsi arrivés à la constatation que cette évolution se poursuivra. Et qu'il est plus profitable de sauter maintenant dans le train plutôt que de le manquer. Ce qui a constitué le départ de la fameuse période 'struggle’. Mais, une fois que la poussière est retombée et que nous nous sommes tous familiarisés avec le système, nous en avons découvert la valeur ajoutée absolue. La phase de conception exigeait davantage de temps, mais il y avait de ce fait beaucoup moins de surprises sur le chantier. Les erreurs possibles étaient détectées et résolues au préalable, ce qui permet de gagner du temps en fin de compte. Et, même si aucun autre partenaire de la construction ne recourait au BIM, nous l'utiliserions sans doute encore pour tous nos projets. Le BIM a aussi tellement d'avantages à offrir dans la collaboration avec des partenaires. Dans cette phase, nous voyons encore énormément de possibilités de croissance mais aussi de difficultés de croissance. Mais, une fois le système adulte, et une fois la majorité des partenaires habitués à l'utiliser, les avantages en seront gigantesques. Non seulement durant la phase de construction, mais sur toute la durée de vie d'un bâtiment.”

Le point d'orgue absolu du trajet de fusion a sans aucun doute été le déménagement pour notre nouvelle installation à Berchem (voir ci-dessous).

Het bold team

Checklist durabilité

Hans Janssen : “Le déménagement a en fait sonné la fin de notre période de transition, mais nous n'en sommes pas pour autant arrivés à l'immobilité. Nous n'en voulons d'ailleurs absolument pas, même si cela serait un peu plus calme” (rires).

“Nous avons notamment au planning le développement de notre propre check-list autour de la durabilité. Un document qui nous permettra de tester différents aspects de la durabilité très tôt, au moment de la phase de conception d'un projet, à partir de questions critiques. De les remettre en question. De pouvoir y formuler des réponses. Cette check-list ne sera certainement pas académique, mais plutôt pratico-pratique. … Le projet est encore dans les tuyaux.”

Pour certains bâtiments, inventoriés mais de moindre valeur historique, il faudrait laisser davantage de liberté de conception.

Statut des objets du patrimoine

Hans Janssen : “Un autre thème qu'il faudrait traiter ? Oui. Notre pays compte une quantité incroyable d'objets patrimoniaux avec des statuts différents. La discussion sur ce qui a de la valeur est souvent difficile, et aussi subjective. Pour un patrimoine bâti inventorié, la décision relève des services municipaux du patrimoine immobilier. Selon nous, il faudrait tendre vers des approches différentes en fonction du statut et de la valeur patrimoniale d'un édifice. Ceux qui sont effectivement protégés en tant que monuments devraient l'être mieux encore, alors que dans certains bâtiments, inventoriés comme patrimoine immobilier mais de valeur historique moindre, il faudrait permettre davantage de liberté de conception.”

“À Anvers par exemple, tout le territoire Leien CHE serait de ce fait 'à préserver souhaitablement'. Ce principe ‘catch all’ rend tout le processus de la conception beaucoup plus difficile. Car on trouve aussi au sein de cette zone quantité de bâtiments qui ne méritent absolument aucune protection. Attention, cela ne signifie pas que nous ne devons plus faire notre travail d'architectes et bien argumenter nos propositions. Certainement pas ! Mais la concertation sur les interventions pourrait, selon nous, avoir lieu de manière plus conceptuelle. Aujourd'hui, le traitement est bien souvent très administratif. Comment mieux faire, c'est dans nos compétences. Même si nous aimerions, bien sûr, participer à la réflexion sur les solutions possibles.”

Pas de 'croissance pour la croissance'

Rein Geens : “Comment nous voyons l'avenir de notre bureau ? Eh bien, la croissance n'est en aucun cas ce qui nous motive. Nous avons au total quelque 25 collaborateurs aujourd'hui, et nous aimons travailler à cette échelle. Nous avons suffisamment de savoir chez nous pour nous profiler comme un bureau très professionnel, avec des gens expérimentés et suffisamment de force de frappe pour pouvoir nous attaquer à n'importe quel projet en Belgique. Pour nous, il s'agit avant tout de trouver du plaisir dans ce que nous faisons et de disposer d'une liberté de mouvement dans les projets que nous entreprenons. Ce sont cette diversité et cette interaction qui rendent les choses passionnantes pour nous et nos collaborateurs, ce qui suffit tout à fait à nous motiver.”

Logements de prêtres

Hans Janssen : “Peu après la fusion, nous avions deux équipes, sur deux sites différents. Il fallait absolument changer cela, et nous nous sommes mis à la recherche d'un nouveau site. Nous l'avons trouvé en réalisant une carte où figurait le domicile de chacun des collaborateurs, et dont nous avons déterminé le point central. C'est donc là que nous avons commencé à chercher, et nous avons trouvé le Sint-Stanislascollege de Berchem.”

Le complexe incluait des logements de prêtres construits en 1923 d'après les plans de l'architecte Jan De Vroey. L'immeuble, en L, comportait quatre niveaux. On trouvait au rez-de-chaussée des parloirs, richement aménagés à l'époque, un réfectoire avec sa cuisine, et une loge de concierge. Les logements proprement dits, comprenant chacun un bureau et une chambre, se situaient à l'étage. Une partie de cet aménagement a été perdue lorsque les prêtres ont quitté le complexe et que les espaces ont été transformés en 'kots' d'étudiants.

“Nous nous sommes mis au travail, à la force des bras, pour faire de cet immeuble un nouveau lieu de travail pour nos architectes. Et avec succès. Une transformation remarquable qui a donné naissance à un immeuble de bureaux neufs et contemporains dans lequel nous nous sommes installés en décembre dernier, avec les architectes de Patine."

Bart Gosselin - Kantoor Bold Architecten

Éléments authentiques

Rein Geens : “Nous sommes retournés à la sobre façade avant de 1923, telle qu'à l'origine. Une façade en saillie des années 50, qui dérangeait, a été éliminée. La façade arrière d'origine, en briques maçonnées, a été conservée.”

“Le rez-de-chaussée est aujourd'hui utilisé en commun. On y trouve des espaces de réception, un réfectoire et une cuisine avec bar. À l'intérieur, tous les éléments historiques de valeur ont été conservés et restaurés : moulures, lambris, vitraux, sols de terrazzo et de mosaïque. Tous ces éléments apportent au bureau une atmosphère unique, et c'est précisément à travers cet espace que le site vit. Avec le bar et la terrasse, ils apportent une atmosphère chaleureuse et confortable, ce qui a pour effet de renforcer la cohésion de l'équipe.”

Vastes bureaux

Rein Geens : “Nous avons transformé les étages, dont les finitions d'origine avaient disparu, en vastes espaces de bureau. Le mobilier sur mesures peut être disposé selon différentes configurations, en fonction des besoins. L'éclairage LED est adapté, il fournit une lumière uniforme dans tout l'espace.”

“On trouve en outre à chaque étage des espaces pour la conversation, et d'autres pour suivre des réunions en ligne. Lors de l'aménagement, les poutres des sols sont restées apparentes et des panneaux acoustiques en feutre ont été placés entre elles. Les murs et le revêtement mural sont d'un blanc lumineux, les parois de remplissage en bois ont conservé leur teinte naturelle.”

Studio de conception

Hans Janssen : “Dans l'immeuble, nous avons prévu un studio de conception. Un lieu physique, mais surtout une idée, un concept. À intervalles réguliers, nous nous y réunissons avec l'équipe pour passer un projet à la loupe, avec un regard critique. En nous penchant dessus tous ensemble, y compris ceux qui ne sont absolument pas concernés, notre objectif est d'éviter une vision en tunnel. Ce qui nous permet de nous remettre en question à chaque fois, d'être ouverts aux observations critiques et aux idées nouvelles et, ainsi, de ne pas perdre de vue 'the bigger picture'.”

“Nous sommes tous égaux dans notre studio de conception, il n'y a pas d'architecte star qui décide de tout. Mieux encore, les autres partenaires de la construction, et même les clients parfois, sont associés au processus de réflexion. Et, en fin de compte, c'est l'idée la meilleure et la plus fondée qui l'emporte. C'est aussi simple que cela. Grâce à cette manière de penser, nous interrompons le 'workflow' et nous restons frais et concentrés. En phase de conception comme durant l'exécution.”

Accessibilité avant tout

Rein Geens : “Il est agréable de travailler dans la ville, l'ambiance y est tout autre. En outre, le bureau est facile d'accès avec les transports en commun ou à vélo pour la plupart d'entre nous, ce qui offre vraiment une respiration. Nous avions autrefois 22 véhicules oisifs devant l'entrée, il n'en reste plus que trois ou quatre. Beaucoup de collaborateurs ont délibérément opté pour un mode de déplacement alternatif, plus durable.”