Je me souviendrai ce moment avec Eduardo souto de Moura toute ma vie

Quelle est votre devise ?

"Seul, on va plus vite mais ensemble, on va plus loin.” Je suis un fervent défenseur du travail d’équipe. De la collaboration. Et cette conviction est fermement enracinée dans les valeurs de notre entreprise. Nous relevons les défis ensemble, nous cherchons les solutions ensemble. Et ça marche ! Nous avons même contaminé d’autres partenaires de construction avec notre ‘virus. Et attiré des entreprises avec le même état d’esprit. ‘Travailler ensemble’ - loin du conflict model – est plus intéressant, plus efficaceme et tout simplement plus agréable. Pour tout le monde.”

Votre petit plaisir coupable ?

"Boire une bière le vendredi soir au bar de l’entreprise, avec les collègues encore présents. Terminer ensemble la semaine de travail sur une note conviviale. Avec modération, bien sûr. C’est aussi l’occasion d’écouter les préoccupations, les souhaits, les idées dans une ambiance détendue. Cela donne de l’énergie et on y puise souvent des solutions. Dans la même optique, nous organisons chaque année un teambuilding et une ‘journée famille’ pour nos 140 collaborateurs, leurs partenaires et leurs enfants. Sauf l’année dernière, en raison du covid. Notre équipe s’en trouve consolidée, plus à l’écoute et plus en phase. Les collègues sont là les uns pour les autres, en toute circonstance.”

Votre plus grand héros ?

"Toute notre équipe. Et je le pense vraiment. Mais si je dois vraiment citer quelqu’un : Eduardo souto de Moura. Un architecte portugais renommé avec qui nous avons eu le privilège de collaborer sur le projet du Crématorium à Courtrai. Malgré son statut, c’est un homme intègre, terre-à-terre, simple. À un moment du projet, il y eu une discussion. Beaucoup des intervenants se sont démenés pour impressionner, au lieu de tendre vers une solution tous ensemble. Eduardo m’a soudain emmené dehors. “Steven, qu’est-ce que tu proposes ?”, a-t-il demandé. “Je te fais confiance, on va faire à ta façon.” Un moment dont je me souviendrai toute ma vie.

Votre endroit favori dans le monde ?

"Je fais de la voile. Être sur mon bateau, c’est un pur bonheur. Sur l’eau, je peux vraiment me vider la tête et profiter du calme complet. Sur mon vélo de course, ça marche aussi même si de temps à autre, je me surprends quand même à broyer du noir. Sur mon voilier, je me sens véritablement libre. Et quand je jette l’ancre avec ma famille dans notre baie (secrète) en Corse et qu'on savoure ensemble le coucher de soleil, c’est tout simplement le paradis.”

Une satisfaction dans votre carrière ?

"Il y a sept ans, j’ai fait un management buy out (MBO) avec un partenaire financier. À l’époque, je travaillais déjà chez Furnibo, j’avais aidé l’entreprise à s’agrandir, je lui avais donné de la structure... Il était temps de prendre vraiment la barre pour en définir encore plus le cap. Ça n’a pas été une décision évidente sur le moment, car nous ressentions encore le contrecoup de la crise économique. Mais je me souviens avoir dit à mon épouse “si avec notre équipe, ça ne fonctionne pas, aucune entreprise n’y arrivera.” Depuis lors, le chiffre d’affaires a doublé, ainsi que le nombre de collaborateurs. Et nous continuons à progresser durablement. Et il le faut, car la construction est appelée à évoluer encore plus rapidement dans les années à venir. Les entreprises devront avoir les épaules assez larges pour rester dans la course.”

Qu’est-ce qui se trouve sur votre 'bucket list’ ?

"Traverser l’Océan Atlantique à la voile. Une belle façon de se reconnecter à soi-même, je pense. J’ai pris la résolution de rester à la tête de l’entreprise jusqu’à mes 55 ans. Ensuite, je passerai le flambeau et je ne serai plus le tracteur mais le pousseur. Viendra alors le temps de réaliser mon grand rêve. Encore 7 ou 8 ans. Là, je pendrai la mer, vous verrez !”

Quel est l’événement gênant que vous voudriez garder secret (mais que vous allez nous raconter quand même) ?

"Mon réseau professionnel ne cesse de s’étendre avec les années. C’est pareil pour les cheveux gris. De temps en temps, lors d'un événement de networking, je tombe sur quelqu’un qui me parle comme si nous étions de vieilles connaissances mais dont je ne me rappelle absolument pas. Très gênant. Avec le covid, ce genre d’‘incidents’ a heureusement été assez limité l’année dernière. Un des rares conséquences positives du confinement. Espérons que l’on puisse vite retrouver nos habitudes. Avec ou sans faux pas de mon côté.”

De quelle innovation attendez-vous beaucoup ?

"L’Augmented / Mixed Reality. Chez Furnibo, nous misons beaucoup sur la numérisation de nos activités, du processus de construction. Le BIM, par exemple, est totalement intégré ici. La réalité augmentée va nous permettre de transposer des modèles 3D sur le chantier. Terminé donc l'interprétation des plans ; grâce à la technologie vous pourrez simplement ‘voir’ là où vous devez percer des trous, placer une armature, maçonner des murs… Le résultat ? Un rendement multiplié et beaucoup moins de risques d’erreurs. La technologie n’est pas encore au point mais nous n’en sommes plus très loin.”

À quel lieu, immeuble, bâtiment, projet avez-vous envie de vous ‘attaquer’ ?

"Des projets ambitieux qui semblent quasi impossibles à réaliser. Ça peut être dans divers domaines : budget, timing ou technique. Lors de la rénovation du dépôt souterrain de la Tour des Livres à Gand, par exemple, nous avons réalisé un tunnel sous le bâtiment existant pour acheminer toutes les machines et les matériaux jusqu’au chantier. Le Cirque d’hiver, tout proche, est également un tour de force à tout point de vue. Des projets comme ça, c’est passionnant et ça nous garde alertes. Après la réception, vous ressentez cette joie, cette fierté partagée avec toute l’équipe : ‘on y est arrivés, on a encore fait fort !’ Et c’est pour ça qu'on le fait, pas vrai ?

Quel professionnel de la construction verriez-vous dans le prochain confessionnal ?

L’ingénieur architecte Koen Van Nevel, du cabinet d’architecture Cobe. Quelqu’un avec qui nous aimons beaucoup travailler. Contrairement à certains ingénieurs qui veulent que leurs calculs soient suivis à la lettre, Koen réfléchit avec vous. Il écoute nos suggestions et il examine si elles sont possibles. Une attitude qui est bénéfique pour l’ensemble du projet.