"L’expression 'Boys and their toys' me va vraiment comme un gant"
Quelle est votre devise?
"‘Regarder au-delà de ce qui est connu’. Normalement, ce dicton est en latin, mais cela fait alors très pompeux. Il est également très proche du dicton ‘rien n'est ce qu'il semble être’. Aujourd'hui encore plus qu'avant, nous sommes confrontés à un flot incessant d'innovations, de nouveautés, d’avancées technologiques, de réflexions hors normes, d'idées mûries. Ce à quoi nous devons rester ouverts en permanence, en tant qu'entreprise, mais aussi en tant qu'individus. Il faut adopter une vision plus large, mais aussi rester critique. Les innovations du passé se sont aussi souvent révélées être des cadeaux empoisonnés. Telle est précisément ma tâche au bureau: secouer l'arbre de temps en temps, pour repenser ce que nous faisons depuis des années. Car innover est complexe, mais enrichissant."
Votre petit plaisir coupable préféré?
"Les drones, les voitures autonomes, les techniques de captations spéciales, les scanners, les systèmes de mesure, etc. Une nouvelle technologie vient d’être lancée? Il me la faut alors pour le cabinet. Au bureau, les collègues n’ont qu’un demi-mot à dire, et mon drone est déjà dans les airs. L’expression 'Boys and their toys' me va vraiment comme un gant. Heureusement, cela colle assez bien avec ce qui précède. Je peux toujours dire qu'il s'agit d'innovation, de préparer l'avenir. Entre-temps, je retrouve mon âme d’enfant en expérimentant avec des gadgets technologiques fascinants." (rires)
Votre héros de tous les temps?
"Je n'en ai pas vraiment. Mais à choisir, je dirais Léonard de Vinci. Astronome, scientifique, architecte, peintre, artiste... Un visionnaire et penseur holistique ayant une vision très ouverte du monde. Impossible à enfermer dans un seul carcan. Ses inventions, innovations et œuvres d'art étaient, sans exception, exceptionnellement esthétiques. Avec des proportions intéressantes et équilibrées. Même le matériel de guerre qu'il a conçu avait de l'allure."
Votre endroit préféré dans le monde?
"J'aime les influences différentes, les mondes différents. Pourtant, je suis toujours un peu plus charmé par l'Italie. Pour son ambiance authentique, son climat légèrement plus chaud, sa culture plus ‘relax’. Mais aussi ses incroyables joyaux architecturaux. Dès que je peux, je me rends à Venise. J'y évite les endroits les plus fréquentés par les touristes. Le meilleur de Venise est en effet souvent caché, à l'intérieur des palais."
Le sommet de votre carrière?
"J'aime les projets globaux. Comme la Maison des Francs-Bateliers à Gand, par exemple. Un magnifique édifice pour la réaffectation duquel nous avons utilisé à la fois des méthodes de restauration authentiques et des techniques innovantes. Ou la restauration du monastère des Dominicains à Malines. Un complexe en ruine auquel nous avons, avec les autres partenaires de construction, donné un nouvel avenir et qui constitue aujourd'hui un haut-lieu de la culture malinoise."
Qu'y a-t-il sur votre ‘liste de choses à faire avant de mourir’?
"Rome. Depuis plus de 20 ans, la ville figure en tête de liste de mes destinations favorites à voir absolument. Je connais la plupart de ses joyaux, ses fabuleux trésors qui ont traversé les âges. Mais je ne les ai jamais vus en vrai. J'ai eu plusieurs fois l'occasion de le faire, mais j'ai toujours remis cela à plus tard. Cette fascination pour Rome a germé à l'Université de Gand, aux cours du professeur, docteur et ingénieur-architecte Dirk De Meyer. J'adorais ses cours, puis je me suis plongé dans d'innombrables livres. Mais tout cela a créé de hautes attentes qui m'ont fait craindre qu'une visite réelle soit une déception majeure, ou que rien ne soit plus pareil après. N’est-il pas préférable que certains rêves restent des rêves? Peut-être que je devrais prendre le temps d’y aller, après tout. De risquer la confrontation. Peut-être avec un super guide, un expert comme Dirk De Meyer. Si cela vous parle, faites-moi signe!"
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Quel événement embarrassant préféreriez-vous ne pas raconter (mais vous allez quand même le faire)?
"En 2017, notre cabinet a reçu le prix Jo Crepain du "Bureau d'architecture débutant le plus prometteur". C'était notre première distinction et nous en étions tous très fiers. Notre équipe était composée de nombreux jeunes architectes et lors de l'interview sur scène, on m'a demandé si c'était un choix délibéré. Sans trop réfléchir, j'ai dit à toute la salle que ce n'était pas le cas. Qu'il y avait assurément aussi de la place pour des architectes plus expérimentés. Dès que je suis redescendu de la scène, j'ai remarqué que l'ambiance positive au sein de l'équipe avait totalement changé. Mes propos avaient été interprétés - à tort, mais de manière tout à fait compréhensible - comme un appel à renouveler l'équipe, à trouver de 'meilleurs collaborateurs'. Ce qui n'était pas du tout le cas. Que du contraire! Je le savais déjà à l'époque, et c'est encore et toujours le cas aujourd'hui: 'l'équipe, c'est tout'! Je suis incroyablement fier de notre équipe."
En quelle innovation (dans le domaine de la rénovation) placez-vous de hautes attentes?
"La nanotechnologie a le potentiel de changer radicalement de grandes parties du processus de construction. De la conception à l'entretien. Les structures contenant des nanoparticules peuvent être plus légères, plus solides, plus faciles à entretenir et plus durables dans plusieurs domaines. Les architectes peuvent concevoir des structures beaucoup plus fines et légères grâce aux nouvelles nanotechnologies. Et en raison de la forte augmentation de la résistance à la traction et aux sollicitations, les portées peuvent être beaucoup plus importantes. Grâce aux nanocoatings, nous pouvons protéger les matériaux de construction, en prolongeant considérablement leur durée de vie et en réduisant leur entretien. C'est exactement de ce genre d'innovations et d'autres dont nous avons besoin pour relever les défis sociétaux et climatiques."
À quel lieu, immeuble, bâtiment ou projet aimeriez-vous vous attaquer?
"Réaffecter une icône absolue constitue une véritable motivation. Pourquoi pas un classique de l’Antiquité comme l’Acropole? Sa rénovation est déjà en cours, mais l'apport de spécialistes mondiaux constituerait une pollinisation croisée sans précédent. Mais pas besoin d’aller si loin. Je pense par exemple ici au Concertgebouw de Robbrecht & Daem au Zand à Bruges, si cette question devait se poser dans 25 ans. Ou quelque chose de complètement différent, comme la rénovation d'un sous-marin ancien, par exemple. Il y a tellement de possibilités frappant les esprits auxquelles nous aimerions encore nous attaquer. La motivation, l'envie, la passion sont encore et toujours extrêmement fortes."
Quel professionnel de la construction aimeriez-vous voir prendre place dans le confessionnal d’un prochain numéro?
"Wesley de Greef, architecte et cofondateur de BC Architects & Studies. Une personne impossible à cataloguer. Ouverte aux nouvelles expériences, aux nouvelles façons de penser, aux nouvelles façons d'envisager notre société."
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